Qui sommes-nous ?
Amitié Sans Frontières est un réseau de citoyens solidaires à travers tout le pays, qui s’est créé à l’initiative de plusieurs militants du PTB (Parti du Travail de Belgique).
Quelles sont nos missions ?
Nous voulons que nos actions allient «engagement» et «soutien». Nous avons donc trois missions principales :
- Aider les personnes solidaires à s’organiser pour soutenir les réfugiés, autour d’activités de soutien et de solidarité, sur le terrain.
- Sensibiliser la population belge tant à la situation réelle que connaissent les réfugiés/sans-papiers qu’aux causes politiques de cette situation, via des activités de rencontre, d’échange et d’information, afin notamment de lutter contre les préjugés et les discours de division.
- Porter des revendications de fond pour que soient enfin respectés les droits humains fondamentaux des personnes qui demandent l’asile ou sont sans-papiers.
Riet Dhont discute avec Salah, médecin irakien et réfugié. Ils sont entourés des jeunes bénévoles de Comac et RedFox.
Quelles ont été nos activités régulières depuis 2015 ?
Depuis le mois d’août 2015, nous organisons chaque vendredi matin une distribution gratuite de petits déjeuners aux dizaines (parfois centaines) de personnes et de familles qui espèrent être reçues à l’Office Des Étrangers. C’est l’occasion de montrer notre solidarité et d’apporter un peu de chaleur humaine aux candidats réfugiés qui arrivent en Belgique, après un voyage long, épuisant et dangereux, et qui ne sont pas toujours pris en charge par l’État de manière digne.
Les petits déjeuners ont lieu tous les vendredis (hors fériés et vacances) de 7h à 8h. Beaucoup de citoyens viennent aider, parfois entre amis ou collègues. Parfois, ce sont des élèves et des étudiants qui participent. C’est l’occasion de donner un peu de chaleur humaine, d’échanger et de rencontrer. Bienvenue !
Chaque petit-déjeuner nous coûte une centaine d’euros. C’est uniquement grâce aux dons que nous pouvons continuer. N’hésitez pas à faire un don : BE76 5230 8086 1295.
Chaque année, nous organisons de nombreuses activités de témoignages, de rencontre et d’information à travers tout le pays. Dans les écoles par exemple.
Nous apportons aussi notre soutien aux manifestations défendant les droits des réfugiés ou sans-papiers tant du point de vue de la logistique que de l’organisation et de la mobilisation.
Qu’est-ce que la crise dite “des réfugiés” ?
Pendant l’été 2015, des réfugiés venant principalement de pays comme la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan, arrivent à Bruxelles. Après des années de guerre, la situation dans la région est à la saturation. Le Liban par exemple, pays de 4 millions d’habitants, doit accueillir à lui tout seul presque 2 millions de réfugiés. Quelques 8% des migrants au niveau mondial décident de chercher refuge en Europe. Il y a cette année-là environ 38 000 personnes qui demandent l’asile en Belgique. Ce n’est pas l’année record, mais le manque de préparation du gouvernement, malgré les prévisions de l’ONU, provoque une crise humanitaire et une crise de la solidarité : les réfugiés ne sont pas accueillis dans les centres comme la loi le prévoit, l’État est incapable de relever correctement le défi de l’accueil et les réfugiés doivent camper au parc Maximilien. Ce sont les citoyens bénévoles qui les aident. Depuis lors, le gouvernement MR-NVA et le secrétaire d’État Théo Francken n’ont eu de cesse de mettre en place des politiques restrictives à l’égard des réfugiés. Tous les moyens sont bons pour dissuader les candidats à l’asile : on tente de les intimider en leur envoyant des courriers dissuasifs, on laisse pourrir des situations intenables sur le plan humain, on raccourcit la durée du permis de séjour lié au statut de réfugiés, on allonge les délais d’examen des demandes d’asile, on augmente les tarifs des avocats et des procédures de régularisation, on ne garantit plus l’accueil après une deuxième demande, on allonge le temps de procédure du regroupement familial, on allonge la liste des pays dits « sûrs », etc.
Depuis la crise, la solidarité entre pays européens a été inexistante. Un plan de répartition avait été décidé mais il porte sur un nombre marginal de réfugiés et en plus, il n’est pas appliqué. C’est le règlement Dublin qui continue de « répartir » les réfugiés : chaque pays peut décider de les renvoyer vers le pays de l’UE par lequel ils sont entrés. C’est donc à la Grèce et l’Italie de porter seules le poids de l’accueil…
En 2016, de plus en plus de pays de l’UE ferment carrément leurs frontières à coup de contrôles, voire de fils barbelés et de milices. Beaucoup de réfugiés sont coincés pendant des mois sur la route des Balkans. Beaucoup d’autres restent en Grèce et en Italie, dans des conditions très précaires. L’Allemagne, qui avait accueilli massivement les réfugiés syriens pour répondre à la demande de main d’œuvre de son industrie, décide de changer de cap. Face au risque de fermeture des frontières intérieures et d’entrave à la libre circulation (des marchandises), l’UE réagit rapidement, sous la pression notamment de l’industrie allemande. Elle arrive très vite à conclure un accord de la honte avec la Turquie : chaque réfugié arrivant en Grèce sera renvoyé en Turquie. Cet accord se fait dans le mépris le plus total du droit international, consacré dans la Convention de Genève.
L’ouverture des frontières intérieures est garantie par une fermeture de plus en plus hermétique des frontières extérieures. L’Europe se veut forteresse. Elle accélère la militarisation de ses frontières et s’affirme comme la route migratoire la plus meurtrière au monde : 33 000 personnes se sont noyées en Méditerranée depuis le début des années 2000. Elle scelle des accords avec des « pays tiers » jugés « sûrs ». Comme la Libye par exemple, où les milices sont armées pour devenir « garde-côtes » et où elles sont même dédommagées pour arrêter leur business de passeurs et retenir les réfugiés. Ces derniers connaissent l’enfer de la traite esclavagiste… Certains pays comme le Soudan, pourtant jugés infréquentables auparavant, deviennent des partenaires privilégiés pour retenir les migrants ou les y renvoyer. On n’hésite pas à faire pression sur les pays pauvres (via des accords de « coopération » ou de commerce notamment) pour leur faire appliquer une politique migratoire répressive qui n’est pas la leur.
Des migrants s’entassent par centaines aux portes de l’Angleterre, dans des camps de fortune comme à Calais ou Dunkerque. Ils cherchent une terre d’accueil où ils ont peut-être des connaissances, où ils parlent déjà la langue, où ils pensent qu’ils trouveront plus facilement du travail et seront moins harcelés par l’État et la police. A chaque démantèlement en grande pompe des camps de Calais, rien n’est réglé. Les migrants n’ont nulle part d’autre où aller. Ils continuent de tenter la traversée.
Certains font escale à Bruxelles. Des centaines de citoyens bénévoles les nourrissent et s’en occupent comme ils peuvent, autour du parc Maximilien notamment. Une grande plateforme se crée pour héberger les migrants, leur offrir un peu de répit et les protéger du harcèlement quasi quotidien des autorités. De larges mouvements de solidarité prennent forme, pour pallier le pourrissement d’une situation que le gouvernement a intérêt à entretenir. Ils réclament aussi des solutions structurelles, au niveau humanitaire et politique. Ils s’opposent à la répression du gouvernement et aux tentatives d’intimidation à l’encontre des migrants et de ceux qui les aident. La solidarité est plus que jamais la tendresse des peuples.
A Bruxelles, on estime qu’environ 100 000 personnes vivent et travaillent depuis de nombreuses années sans titre de séjour valable. On les appelle les sans-papiers. Ils ont très peu de droits et sont majoritairement exploités. Une situation qui arrange bien certains acteurs économiques qui profitent d’une importante main d’œuvre bon marché pour pouvoir faire du dumping social. L’exploitation est parfois révélée dans le débat public, comme avec le cas de Mohamed qui a travaillé pendant des mois à la rénovation de la station de métro Arts-Loi, dans de mauvaises conditions mais que l’on voudrait finalement expulser. C’est aussi le cas de Mounir qui a travaillé au Foyer Anderlechtois, dans l’entretien des logements publics. Mounir a été arrêté, avec Jiyed, artiste mauritanien, suite à une descente de la police dans un centre culturel en février 2018. Ils ont été placés en « centre fermé », des espèces de prison pour étrangers à la limite de la légalité. Régulièrement, les quartiers ou les écoles se mobilisent pour empêcher l’expulsion d’un des leurs. La mobilisation paie souvent. Des mouvements de solidarité plus larges s’organisent également pour demander la régularisation des personnes sans-papiers, sur base de critères clairs et permanents, liés à l’ancrage, à la famille, au travail ou à la santé.
En plus de demander que le droit soit respecté et qu’un accueil structurel de qualité soit organisé par l’État, nous devons aussi pouvoir défendre le droit des personnes à ne pas devoir fuir leur pays. La migration forcée n’a rien de naturel, c’est un véritable drame humain. Le monde connaît actuellement la pire crise des réfugiés : plus de 70 millions de personnes sont forcées à l’exil. Nous devons donc surtout nous attaquer aux principales causes : guerres, interventions étrangères et déstabilisations géopolitiques, exploitation des populations et des ressources des pays du sud, aide au développement inappropriée et sous-financée, réchauffement climatique, régimes autoritaires et corrompus qui s’arrangent avec le business des multinationales. Derrière chacune de ces causes, il y a des intérêts économiques qui ont une même logique de profit et qu’il faut combattre dans l’intérêt de tous.
Nos gouvernements successifs et leurs multinationales ne font que renforcer ces causes. Et le gouvernement MR-N-VA a même profité des « crises des réfugiés » pour franchir d’importantes lignes rouges démocratiques : enfermement des enfants en centres fermés et doublement des capacités d’enfermement, expulsion d’étrangers même nés en Belgique en cas de simple soupçon de trouble à l’ordre public, projet de loi sur les perquisitions domiciliaires, etc. Mais c’est aussi le discours du gouvernement qui est dangereux. Un discours bien rodé, planifié à l’avance, qui permet de créer des polémiques récurrentes afin de semer la peur dans l’esprit des gens. Un discours qui s’attaque à la société civile solidaire, aux syndicats et même aux ONG qui sauvent des vies en mer accusées d’alimenter « l’appel d’air » et le business des passeurs. Un discours qui divise la population et tente de créer des diversions. Alors que c’est le gouvernement qui s’attaque à la sécurité sociale de l’ensemble de la population, Bart De Wever prétend que sa politique répressive contre les migrants est « la seule manière de sauver l’État social ». La pénurie organisée en emplois de qualité, en allocations, en soins de santé abordables et en logements sociaux, créent mécaniquement le terreau d’un racisme totalement instrumentalisé. Pendant ce temps, l’aile « libérale » du gouvernement soutient totalement l’aile réactionnaire. Comme dans les autres pays européens, la droite s’allie à l’extrême droite pour pouvoir continuer à appliquer plus efficacement les politiques d’austérité et à s’attaquer aux conquêtes sociales.
Plus que jamais nous avons besoin de nous unir pour diffuser notre contre-culture et inverser le rapport de force ! Rejoignez-nous.
Nos alternatives
Le gouvernement le répète en boucle : « nos opposants n’ont pas d’alternatives ; c’est soit notre politique, soit les frontières ouvertes, l’appel d’air et la fin de la sécurité sociale ». Faux ! Nous défendons une alternative nécessaire à la politique de répression et de division du gouvernement.
– Stop aux guerres, non à l’achat (pour 15 milliards) des avions de guerre capables de larguer des bombes nucléaires.
– Stop aux déstabilisations économiques et diplomatiques dans les pays étrangers. Oui à une diplomatie active basée uniquement sur l’urgence de la paix.
– Stop aux accords commerciaux qui détruisent les économies locales. Oui à des accords de coopération au développement, basés sur la solidarité internationale et les besoins des populations, où l’aspect social et durable prime.
– Stop au réchauffement climatique. Oui à un système de production pensé démocratiquement pour répondre aux besoins des gens dans les limites de la planète.
– Organiser une conférence internationale annuelle sur les réfugiés, sous l’égide de l’ONU, combinant les réponses d’urgence, le soutien aux pays d’accueil, la préparation du retour des réfugiés et l’anticipation des réfugiés climatiques des décennies à venir.
– Application correcte de la convention de Genève pour garantir le droit à l’asile et une décision objective prise au cas par cas. Elargissement des conditions pour mieux tenir compte des raisons qui poussent à l’exil : réchauffement climatique, violences et chaos, persécutions liées au genre, …
– Application de la clause du règlement Dublin qui permettrait à la Belgique de ne pas renvoyer les demandeurs d’asile dans les pays d’entrée dans l’UE.
– Réforme profonde du règlement Dublin qui permet aux État de renvoyer les migrants vers les pays d’entrée en Europe. Mise en place d’un plan de répartition au niveau européen, basé sur le principe de solidarité internationale, selon les capacités de chaque État et les attaches que les réfugiés auraient dans certains pays.
– Arrêt des deals avec les pays du tiers monde pour y expulser et y retenir les migrants, ou les forcer à appliquer une politique migratoire répressive qui n’est pas la leur. Ouverture de voies sûres et légales, pour arrêter les noyades et le business des passeurs. Octroyer des visas humanitaires sur base de critères transparents plutôt que sur base arbitraire et discrétionnaire. Faciliter le regroupement familial.
– Ouvrir un centre d’accueil et d’orientation près du parc Maximilien, financé et géré de manière structurelle par l’Etat et en partenariat avec les ONG et les citoyens. Négocier avec le Royaume-Uni pour que ce pays accueille les réfugiés ayant de la famille ou des proches là-bas.
– Accueil humain, digne, social et local, qui ouvre la voie vers l’intégration, l’émancipation et le « vivre ensemble ». Stop aux centres fermés qui sont des prisons pour citoyens de seconde zone où règnent l’arbitraire et l’injustice.
– Stop à la répression et aux expulsions forcées. Garantir dans les faits les droits déjà prévus dans la loi (justice, santé, école, etc) aux personnes en séjour irrégulier.
– Régularisation des personnes sans papiers. Comme ce fut le cas suite aux mobilisations de 1999 et 2009 selon des critères objectifs et permanents liés à l’ancrage, au travail, à la famille ou à la santé. En plus d’être une question morale, c’est dans l’intérêt de l’ensemble des travailleurs que les personnes sans-papiers obtiennent des droits égaux pour en finir avec le dumping social et pour leur permettre (comme ils le souhaitent !) de contribuer à la sécurité sociale.