Vous quitterez bientôt votre poste de Secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, cette mission que vous avez effectuée, comme vos prédécesseurs De Block et Francken, sans aucun égard pour les personnes durement impactées par votre politique, mais qui vous a permis de prendre vos selfies et de vous hisser du jour au lendemain à la tête de votre parti. Voici venue l’occasion de témoigner de la réalité que vous laissez derrière vous, celle du désespoir, de la tristesse, mais aussi celle de la colère et de la lutte.
Tous les jours, les demandeurs d’asile dorment devant le Petit-Château dans l’espoir de trouver une place d’hébergement, conformément à la loi. Qu’à cela ne tienne, selon vous ils n’y ont pas droit d’office, malgré les centaines de décision de justice. Vous avez préféré rester sourd aux revendications des travailleurs de Fedasil qui ont fait grève depuis octobre. Vous avez préféré laisser les réfugiés à la rue sans aucune protection, sans perspective d’avenir et sans chance de bénéficier d’une procédure d’asile un peu correcte. Cela permettrait, selon vous, de dissuader les exilés de venir chercher l’asile en Belgique. Et pour vous justifier, vous êtes allés jusqu’à prétendre que « la moitié de ces réfugiés auraient déjà une place d’accueil et une procédure en cours dans un autre pays de l’UE ». Vous n’avez donc pas hésité à manipuler la réalité pour faire croire à nos concitoyens que les réfugiés se livreraient à une sorte de « tourisme de l’asile » à travers l’Europe, accréditant ainsi les mensonges diffusés par l’extrême-droite. Pourtant la solution existe et ne coute pas plus cher : un réseau d’accueil organisé dans la durée, plus individuel, qui permet le lien et l’intégration, et avec une proportion importante de places tampons permettant d’absorber les variations d’arrivées tout au long de l’année.
Tous les jours, des familles fuyant les guerres – que vos gouvernements mènent et alimentent partout dans le monde – reçoivent des réponses négatives. Je pense aux Irakiens, aux Palestiniens, aux Yéménites, … Mais surtout aux Afghans qui continuent d’avoir un taux de reconnaissance du statut de réfugiés d’environ 30% seulement. Qu’à cela ne tienne ! Depuis l’arrivée des talibans à Kaboul, « la situation est suffisamment sûre ». Mais vos contradictions vous rattrapent : les talibans sont toujours officiellement considérés comme une organisation terroriste par la Belgique et il vous est impossible d’organiser avec ce régime les expulsions des Afghans déboutés. Que deviendront-ils ??? Des travailleurs sans-papiers…
Tous les jours, nous sommes témoins de l’exploitation des plus de 100 000 travailleurs et travailleuses sans-papiers, qui pourtant vivent ici depuis de nombreuses années, élèvent leurs enfants, et paient la TVA. Ils et elles construisent le métro, nettoient les palais de justice, gardent les enfants des eurocrates, … Sans aucun droit. Sans possibilité de contribuer à notre sécurité sociale. Servant malgré eux au dumping social cher à la FEB. Risquant, en cas de plainte ou de contrôle, la détention pour une durée indéterminée en centre fermé. Qu’à cela ne tienne. Vous avez préféré les laisser sans solution, livrés à l’exploitation et à l’illégalité, en refusant toute possibilité de régularisation via des critères objectifs, basés par exemple sur l’ancrage, la durée d’installation ou le travail, comme c’est pourtant le cas dans d’autres pays comme l’Espagne ou même la France. Là encore, en reprenant le poncif de vos prédécesseurs « de wet is de wet », vous avez menti, trahi et joué avec les mots pour faire croire que les gens manifestaient inutilement, « pour le plaisir » ou « par chantage », que les possibilités existaient et qu’elles étaient justes et accessibles.
Bye bye et bon vent Sammy Mahdi ! Passez le message à votre successeuse et à vos complices du gouvernement : nous continuerons à nous battre, à aider, à héberger, à nous mobiliser et à ne rien laisser passer. Rappelez-leur aussi les difficultés dans lesquels on vous a mises. Comme par exemple avec le scandale des étudiants étrangers détenus arbitrairement en centre fermé. Vous aviez dû les faire libérer sous la pression. Ils ont été, pour l’ensemble du peuple, la preuve que votre politique qui s’attaque d’abord aux étrangers met en péril l’ensemble de nos droits démocratiques !
