Témoignage de Loïc Fraiture, responsable d’Amitié Sans Frontières
Révolte & Joie.La révolte. Vendredi avec les camarades députés PTB Youssef Handichi et Greet Daems, nous sommes allés rendre visite à Nabil au CentreFermé 127 bis, la prison pour étrangers près de Bruxelles. Nabil y était détenu depuis janvier, sur simple décision administrative, suite à un contrôle sur son lieu de travail. Nabil a 28 ans et est travailleur sans-papiers en Belgique depuis 7 ans. Sa famille vit ici, légalement. Il avait osé porter plainte contre son patron anderlechtois qui le maltraitait et ne lui donnait même pas les 30€ promis en contrepartie des journées de 10h de boulot. Nous vivons dans un pays où des victimes de l’exploitation qui tentent de faire valoir leurs droits, finissent ensuite en prison, à la place des exploiteurs. « Ils nous traitent comme des animaux ici. Chaque jour ils viennent me trouver pour me faire croire que je vais être conduit dans un avion pour l’expulsion forcée. Je n’ai aucune idée de quand je vais pouvoir sortir d’ici. Je ne comprends même pas pourquoi je suis là, personne ne m’explique. J’ai toujours travaillé honnêtement et n’ai jamais volé, je paie mon loyer tous les mois ». Comble de l’absurde : les espaces aériens sont fermés et on sait très bien que l’expulsion est matériellement impossible. C’est une guerre psychologique pour casser moralement les sans-papiers enfermés.
On l’écoute et on essaye de lui remonter le moral, de lui expliquer qu’il doit rester patient et combatif, qu’on ne peut pas leur donner la satisfaction de se laisser vaincre par leur stratégie de la terreur. On planifie une petite action de soutien pour mettre la pression.
L’ambiance qui règne dans les centres fermés en Belgique glace le sang. On sort de là avec l’estomac retourné tellement la situation est injuste et violente. Mais nos gouvernements (régionaux et fédéral) continuent de réaliser les contrôles au travail en compagnie de la police et de l’office des étrangers, dans l’optique d’arrêter les sans-papiers. Et la coalition Vivaldi ne trouve rien de mieux que de vouloir construire 2 nouveaux centres fermés pendant sa législature.
Ensuite la joie. Mardi je croise Nabil par hasard à Bruxelles ! Quel bonheur de le voir libre ! Les téléphones ont chauffé pendant le weekend suite à notre visite. La directrice l’a directement convoqué pour tenter d’en savoir plus. Et puis il a été libéré !Nous sommes heureux pour Nabil. Et nous continuerons à nous battre pour en finir avec cet arbitraire d’Etat, inhumain et profondément injuste.
