Fin juillet, avec une délégation emmenée par Amitié Sans Frontières, nous partirons en Guinée Conakry. Cela fera exactement 20 ans que Yaguine et Fodé, deux adolescents guinées, sont partis de chez eux. Quelques jours plus tard, leurs corps sans vie étaient retrouvés dans le train d’atterrissage d’un avion à Zaventem. A notre retour, nous organiserons le 9 août à Bruxelles une commémoration de ce triste anniversaire.

La mort de Yaguine et Fodé est un drame tant de l’espoir que du désespoir, qui fut pour beaucoup un choc de conscience vis-à-vis des politiques migratoires européennes et vis-à-vis de la pauvreté imposée aux peuples africains. A l’époque, ce sont nos camarades, avec Riet Dhont et l’organisation de jeunes ‘Rebel’ , qui s’étaient démenés pour retrouver les familles et organiser le rapatriement et l’enterrement. Nous avions également fait publier la lettre retrouvée dans les affaires des deux jeunes. On pouvait y lire ceci :

« Au niveau des problèmes, nous avons la guerre, la maladie, le manque de nourriture, etc. Quant aux droits de l’enfant en Afrique, et surtout en Guinée, nous avons des écoles mais un grand manque d’éducation et d’enseignement. Sauf dans les écoles privées où l’on peut avoir une bonne éducation et un bon enseignement, mais il faut une forte somme d’argent. Or, nos parents sont pauvres et il leur faut nous nourrir. »

Deux ans après notre voyage au Liban où nous avions été confrontés à la réalité des réfugiés victimes des guerres, nous voyagerons donc en Guinée. Nous irons à la rencontre des mamans qui s’organisent pour que leurs enfants puissent rester auprès d’elles plutôt que de mourir en Méditerranée ou de finir esclave en Libye. Nous irons aussi à la rencontre des personnes qui se battent au quotidien, notamment dans les régions minières, pour que cessent la destruction des habitats et l’exploitation du peuple et de toutes ses richesses.

Nous reviendrons ici avec tous ces témoignages et ces appels à combattre le système actuel. Pour des voies sûres et légales pour des réfugiés, mais aussi pour la construction d’une société qui donne la possibilité aux peuples de vivre en paix et de se développer en s’appropriant ses richesses.