Réfugiés : nos gouvernements connaissent les mafieux passeurs mais ne veulent pas les inquiéter

 

Les personnes à la tête des réseaux mafieux de passeurs, qui font venir des réfugiés en Europe en échange de plusieurs milliers de dollars, sont connues. C’est que révèle un rapport d’experts des Nations Unies. Mais l’Union Européenne les laisse agir en toute impunité. Le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken (N-VA) a également fait savoir qu’il ne comptait pas s’en prendre à elles.

Auteur : Max Vancauwenberge

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Torturés, réduits à l’esclavages ou abandonnés dans le désert. C’est le sort de nombreux réfugiés tombés aux mains de réseaux mafieux de passeurs et qui n’ont plus assez de moyens pour les payer. Les réfugiés paient ces réseaux depuis des pays comme l’Erythrée en guerre pour se rendre en Libye, mais ces derniers augmentent le prix en cours de chemin et exigent que les familles des migrants versent quelques milliers de dollars supplémentaires sur un compte en banque.

Ceux qui sont à la tête de ces réseaux mafieux de trafic d’êtres humains sont pourtant connus, possèdent des comptes en banques en Europe ainsi que des investissements immobiliers. C’est ce qu’indique un récent rapport d’expert des Nations Unies. Ce réseau mafieux opère depuis la Libye, profitant du chaos qui y règne depuis l’intervention militaire de l’OTAN en 2011. À la tête d’un de ces réseaux, on retrouve par exemple le libyen Mohamed Koshlaf, également actif dans le pétrole.

« Presque tous les gros trafiquants sont connus, explique Vincent Cochetel, directeur Europe de l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Les Nations Unies, Interpol, Europol et les États européens possèdent toutes les informations nécessaires pour agir contre ces personnes. Leurs avoirs pourraient être gelés, leurs maisons saisies et ils pourraient également être arrêtés lorsqu’ils quittent la Libye. »1

Pas une priorité pour notre gouvernement

Pourtant, rien ne se passe au niveau européen. En Belgique, le ministre de la Sécurité et de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) justifie son inaction en affirmant que geler les avoirs de ces passeurs en Europe et la saisie de leurs maisons pouvaient conduire à des procédures complexes au niveau légal. Le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken (N-VA) a lui fait savoir qu’il avait d’autres moyens en vue pour « casser le business des passeurs ». « Ou bien en renvoyant immédiatement toute personne arrivant en Europe, ou bien en interceptant tous les bateaux de migrants en route vers l’Europe pour les renvoyer vers la côté africaine » explique Francken.2

On peut se demander si le fait de renvoyer en Afrique des gens qui sont prêts à tout pour tenter de rejoindre l’Europe « casse le business » des passeurs ou si ça ne le renforce pas, en renvoyant dans leurs bras leurs malheureux clients.

Au contraire, l’instauration de voies légales d’accès en Europe permet à la fois de réellement « casser le business des passeurs » en leur ôtant leur raison d’être, et de pouvoir traiter plus systématiquement les demandes d’asiles.

Pourtant, loin de s’attaquer aux personnes à la tête des réseaux mafieux de passeurs, Theo Francken préfère s’attaquer à leurs victimes. Et dans ce dernier cas, la « légalité » semble beaucoup moins inquiéter la N-VA que lorsqu’il s’agit de geler les avoirs des mafieux. En effet, le pushback – c’est-à-dire le renvoi de personnes souhaitant demander l’asile – est illégal au regard de la Convention de Genève et des Droits de l’Homme. D’autant que nombre de personnes qui arrivent en Europe proviennent de pays en proie à la guerre, comme le Nigeria ou l’Erythrée, et entrent donc parfaitement en considération pour obtenir le statut de réfugié en Europe.3

 

 

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