« Je n’étais pas préparé à ça », nous confiait Peter Mertens en rentrant de notre visite à la « jungle » de Calais. Des milliers de gens qui vivent entassés sur une décharge lourdement toxique, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui doivent affronter le dur hiver de la mer du Nord dans des tentes ou abris bricolés avec des cartons et des bâches.
Auteur : Han Soete
L’homme sur la photo ci-dessus transporte de l’eau prise à l’un des trois points d’approvisionnement vers une sorte de petit « restaurant » improvisé quelques centaines de mètres plus loin. Il tente de gagner quelques sous pour payer un passeur afin d’aller en Angleterre. S’il y arrive, il devra encore travailler plusieurs années pour 2 euros de l’heure ou moins dans la construction, le nettoyage ou l’horeca afin de rembourser son voyage. Il paraîtrait qu’à Bruxelles, des restaurants Quick sont nettoyés par des gens comme cet homme. Et, pendant ce temps, Léopold Lippens, de la 19e famille la plus riche de Belgique, propose d’enfermer les réfugiés dans une sorte de Guantánamo. Guantánamo, c’est la prison américaine à ciel ouvert – illégale – où sont détenus les terroristes (présumés) dans des conditions inhumaines. Et ce sont justement des rois de l’immobilier comme Lippens qui s’enrichissent avec les salaires de misère qu’ils paient à des illégaux qu’ils emploient comme ouvriers dans la construction.