Le PTB envoie une mission de solidarité à Catane, en Sicile, après la nouvelle catastrophe en Méditerranée

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20 avril. Le monde est sous le choc : 950 migrants partis de Libye ont perdu la vie en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Italie. Un énième drame. Dès le lendemain, le docteur Claire Geraets, députée PTB au Parlement bruxellois, Mieke Van Laer, avocate à Progress Lawyers Network, et Frank Sonck, journaliste à Solidaire, décollaient vers la Sicile pour une mission de solidarité. Récit de leur voyage.

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Auteurs : Mieke Van Laer, Claire Geraets, Frank Sonck

Mardi. C’est déjà la fin de l’après-midi de ce 21 avril lorsque nous arrivons dans le port de la ville de Catane, au sud de la Sicile. Le soleil de ce début de soirée se reflète dans les antennes satellites des quelques équipes de télévision présentes. Les journalistes se préparent pour leur « live » des infos du soir. C’est le long de ce quai que, hier, le bateau qui ramenait les 27 survivants du naufrage de dimanche est arrivé sous les applaudissements. Ces dernières 24 heures, 1 084 personnes ont été sauvées par les gardes-côtes italiens. L’afflux de migrants est en effet constant. La subite flambée d’attention accordée à cette catastrophe-ci est peut-être déplacée, estime un journaliste.

Khalid, le président de la communauté syrienne locale, nous explique qu’il est venu avec son ami Khaldoun pour attendre les nouveaux-venus ; un terme à prendre parfois au sens littéral : dernièrement, dans les arrivants, il y avait des jumeaux nés en pleine mer…

L’an passé, Khaldoun a fait venir 15 membres de sa famille. Ils voulaient d’abord partir en avion, mais comme cela aurait coûté 10 000 euros par personne, ils se sont rabattus sur le bateau. Les passeurs avaient promis un grand bateau, mais le « chargement » de 250 personnes s’est retrouvé dans un petit bateau de pêche. Il n’y avait pas moyen de faire demi-tour et ils ont embarqué avec le courage du désespoir. La traversée a duré sept jours, et ils ont eu la chance d’arriver sains et saufs.

Mercredi. Nous nous rendons au syndicat CGIL. Bien que nous n’ayons pas pris rendez-vous, nous sommes très chaleureusement accueillis par Emanuel Sammartino, qui va nous parler pendant deux heures du travail pour les réfugiés effectué par son syndicat.

L’après-midi, nous allons à la Chiesa di Santa Chiara, au cœur de la vieille ville de Catane, où nous rencontrons Mbaye, qui est né ici mais est d’origine sénégalaise. Il nous explique le travail de solidarité de la communauté de Saint-Egide. Le 10 août 2013, lorsque le premier bateau est arrivé d’Afrique à Catane, ce sont eux qui sont immédiatement allés accueillir les migrants. La communauté est connue pour son travail pour les pauvres, et les nouveaux-venus sont encouragés à y participer.

Le même soir, nous participons à une manifestation antiraciste organisée entre autres par la CGIL, le mouvement des étudiants et les trois partis communistes. « Nous protestons contre la législation européenne et contre les conditions inhumaines imposées ici aux demandeurs d’asile, explique Alessio, étudiant. Nous voulons deux solutions pour prévenir de nouveaux drames : des couloirs humanitaires et un droit européen à l’asile. »

Durant la manifestation, de nombreux représentants d’organisations syndicales, de jeunes et autres prennent la parole. De jeunes réfugiés témoignent également de leur situation. Le Dr Claire Geraets prend à son tour la parole pour expliquer les raisons de notre présence.

Jeudi. Le lendemain matin, avec une voiture de location, nous sinuons à travers la campagne sicilienne en directions de Mineo, une petite ville au sommet d’une colline loin à l’intérieur des terres. Un peu plus loin, dans une vallée idyllique, se trouve une ancienne base militaire devenue un énorme CARA (Centro di Accoglienza per Richiedenti Asilo). Ce centre pour demandeurs d’asile est entouré de barbelés et gardé par des militaires lourdement armés. Notre « nous ne sommes pas de la presse mais d’une mission humanitaire avec un médecin et une avocate » laisse les tenues de camouflage de marbre. Rien à faire, on n’entre pas.

Devant le centre, sous un soleil radieux, nous faisons la connaissance de Pa Chebou et d’Irfan, qui nous racontent l’enfer de leur voyage et les conditions dans lesquelles ils vivent actuellement.

Le CARA compte 1 800 places, mais pas moins de 4 000 personnes y vivent. La nourriture est restreinte, il n’y a quasiment pas de soins médicaux, pas de détente. Il faut payer soi-même les cartes de téléphone et, au lieu de recevoir de l’argent de poche, les résidents – enfants compris – reçoivent des cigarettes, qu’ils essaient alors de vendre. Dans les environs, la prostitution explose.

De retour à Catane, nous découvrons, choqués, les nouvelles mesures européennes. Le principal souci reste donc de maintenir les migrants indésirables en dehors de l’Europe. Et, s’ils réussissent tout de même à franchir la mer, l’Italie et la Grèce doivent être « soutenues » pour faire face à « leurs » demandeurs d’asile, afin que ceux-ci ne puissent atteindre le reste de l’Europe. L’Europe n’accueillera que 5 000 réfugiés, et il n’est plus question d’alternatives sûres à la traversée en bateau. Comment les dirigeants européens osent-ils encore se déclarer « solidaires » tant des migrants que des pays du sud de l’Europe, voilà qui reste pour nous une énigme…

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